Judith Bout-Commeau

Quand bien même une céramique n’est pas conçue pour servir, pour être utilitaire ce qui est le cas des sculptures de Judith Bout, elle continue de s’organiser autour du vide sous peine d’exploser au four. Mais comment faire de ce vide un plein qui s’équilibre ? Judith s’étonne encore de notre capacité à nous tenir droit depuis cette base fragile que sont nos deux pieds. Elle explore cette tension entre stabilité et vacillement à travers des pièces dont les points d’appui se réduisent au fil des expériences.

Judith craint la perfection artisanale qui ôte souvent ce je-ne-sais-quoi qui fait la chaleur du vivant. Car ce qu’elle cherche à transmettre est la jubilation charnelle qu’elle éprouve à travailler la terre à mains nues. Avec le sérieux de l’enfant qui joue, elle cherche à repérer des formes qui racontent la tiédeur des bras dans laquelle on enfouit un chagrin ou encore l’ivresse de retrouver intact un désir qu’on pensait avoir perdu.

Dans sa pratique se conjuguent toutes les vies précédentes de Judith: l’univers esthétique de la Chine, dont elle parle et écrit la langue; le goût pour la recherche ; et enfin l’habitude de triturer la matière, autrefois les mots, désormais la terre exclusivement.